en images ....

- de Mgr Dominique Rey

 MEDITATION  SUR  LA  TOILE    LA    RENCONTRE 


Qui est cet homme ?  Qui porte ce visage ?  Qui me regarde ?

    Non pas l’exact portrait ou la reproduction à l’identique de moi-même mais, comme dans un miroir ,
    Un certain reflet de ce que je suis aux yeux de Dieu, de l’éternelle jeunesse que je possède (quel que soit mon âge).


    Le Seigneur me voit si différent de la manière dont je m’observe et me considère .  Il me voit en enfant, en jeune homme, en être de désir, en attente de lui .


    La vérité de ce jeune homme est bien là .  La douce paix qu’il dégage, la fidèle patience qui émane de son regard et, en même temps, ce feu qui le consume et embrase sa poitrine  expriment cette ardeur secrète qui l’habite .  Mais c’est une ardeur contenue, maîtrisée, recueillie .


    Sur la gauche du personnage , une immense tâche de blancheur l’entoure . Un écrin de lumière incandescente , dont lui-même jaillit . Chacun de nous accouche à cette  jeunesse éternelle qui est notre véritable identité . Et cette nuée lumineuse est tout à la fois une main protectrice, celle du Père, l’ombre de l’Esprit qui nous prend sous son aile , les entrailles maternelles de Dieu qui nous enfantent à cette jeunesse qu’il reconnaît en nous .
 

Qui est cet homme ? qui  porte ce visage ? qui me regarde ?

    D’abord moi-même, à la recherche de ma véritable identité que je ne trouve qu’en Dieu et en laquelle j’adviens  par enfantement.  Sans doute aussi Jésus Christ .


    Jésus qui m’appelle et qui m’attend .  Ou plus exactement qui , déjà , m’ayant appelé , dans cette posture assise , sérieuse et douce à la fois , guette ma réponse . Ses lèvres se sont closes sur un dernier «  suis moi ! »  Son regard est pétri de silence ( il reste coi ) . Ses mains sont recueillies dans une humble prière . Son cœur palpite sous un jabot incendié du dedans .


    Son regard fixe et droit interroge non pas mon intelligence et ma science , mais mon âme . Il s’adresse à elle sans détours, sans artifice .  Et dans le même mouvement il m’invite à le suivre . Cet appel qu’il m’adresse s’origine  au-delà de lui-même.  Il lui est antérieur.  Il le précède.  L’appel que lance Jésus à mon endroit n’est qu’un écho lointain d’un appel que lui-même a reçu et accueilli, d’un appel qui l’a saisi.


    Sur le tableau se conjoint l’invitation silencieuse de Jésus qui me regarde et, d’autre part, son propre enfantement. Cette forme curve qui l’enveloppe (plus qu’elle ne le porte) évoque l’Immaculée . Jésus se reçoit comme Fils d’homme par Marie. C’est l’instant de son premier appel : appel à naître en son humanité .  Comme Moïse, au bord du buisson ardent, naît à sa mission, voici que cet appel originel se prolonge jusqu’à nous, jusqu’à moi, par son simple regard .


     Dans cette vaste fresque  le visage est au centre . En Jésus , et à cause de lui , se creuse  la ligne de partage entre, à droite, l’obscurité ( traversée par des volutes sombres ) et la vive clarté qui, de sa poitrine, inonde la partie gauche de la toile .


    L’appel de Jésus fait ainsi la vérité entre ceux qui consentent et ceux qui résistent . Cette vérité et ce visage sont inscrits à l’intérieur de nous-mêmes. Cette toile, c’est notre âme partagée entre l’ombre et le feu.  Tout est suspendu à la réponse que Jésus, par son regard, mendie de nous : «  viens et suis moi » .


    Cette question est centrale. L’appel du bon pasteur qui connaît ses brebis et donne sa vie pour elles nous conduit à un choix : il est crucial.
   

                                                           Père Dominique Rey